- Quels mérites me suis-je acquis en répandant la Bonne Loi ? demandait l'affable empereur Wu, grand protecteur du bouddhisme, au moine Bodhi-dharma, fondateur du Zen en Chine.
- Pas le plus léger, répondit le patriarche.
- Quel est alors le premier principe de la Doctrine sacré ?
- Aucun : il n'y a rien de sacré.
- Alors qui donc êtes-vous pour vous présenter ainsi devant nous ?
- Je ne sais pas !
L'empereur aurait dû se douter qu'une pareille rustrerie chez un saint homme cachait quelque chose qui méritait d'être examiné de plus près, mais il se contenta de lui montrer la porte et sombra dans la perplexité.
Quand, mille ans plus tard environ, François-Xavier débarque à Kagoshima, il fut reçu de la façon la plus aimable par les bonzes du temple zen qui dominait la ville. On lui fit visiter le quartier des moines et le zendo (la salle de méditation) où les novices étaient assis dans la position du Bouddha sur son lotus, les yeux fixés à trois pas devant eux, absolument immobiles. À la question "Mais que font-ils ?" son ami, le bonze Ninjitsu, répondit : "Certains comptent ce qu'ils ont reçu des fidèles le mois dernier ; d'autres encore pensent à leurs loisirs, bref, aucun d'entre eux ne pense à quoi que ce soit qui ait un sens quelconque."
Une réponse absolument honnête. François-Xavier aurait dû se demander si, chez les gens dont il admirait le caractère, une pareille trivialité ne cachait pas quelque chose d'important. Il n'eut pas cette prudence et se contenta de constater par la suite que, dans la discussion, les moines zen étaient des adversaires formidables et que, malgré leur esprit vif et ouvert, il n'y avait pas moyen d'en convertir un seul.
Voilà deux types de réponses à la question "Qu'est-ce que le Zen ?" La première, d'une muflerie délibérée ; la seconde d'une platitude si quotidienne que notre esprit occidental épris de catégories se demande comment diable y rattacher le plus petit lambeau de "sacré".
La vie des centres zen
The Sanshin Zen Community, le centre créé en 1996 dans l'Indiana par Shohaku Okumura (à gauche sur la photo) nous signale qu'il va édifier un nouveau centre de pratique. Shohaku Okumura en prendra la direction au printemps 2003 après la fin de son mandat à la tête du Sôtô Zen Education Center. Ce centre suivra le style initié par Kôshô Uchiyama dans son temple d'Antaiji au Japon et offrira différents stages et retraites, notamment :
- une retraite mensuelle de cinq jours consacrée exclusivement à la seule méditation à raison de 14 heures par jour, sans services liturgiques ou autres enseignements
- des week-ends de méditation
- des séminaires d'études consacrés à Maître Dogen
Shôhaku Okumura est l'un des successeurs de Kôshô Uchiyama (1912-1998), lui-même disciple et successeur du fameux Kôdô Sawaki (1880-1965). Il a traduit de nombreux livres d'Uchiyama et de Dôgen, Opening the hand of thoughts, The Wholehearted Way (avec Taigen Dan Leighton) et Dogen's pure Standards for the Zen Community. Ordonné bonze en 1970, il a longtemps vécu aux États-Unis où il a dirigé plusieurs années le Minnesota Zen Meditation Center. Il dirige actuellement le Sôtô Zen Education Center basé en Californie.
En savoir plus ? Sanshin Zen Community
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