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Lama Anagarika Govinda, Méditation créatrice et conscience multidimensionnelle, Paris, Albin-Michel, 1993, 320 pages, numéro ISBN : 2226065989, langue française.


Méditation créatrice (couverture)


Parmi les ouvrages bouddhistes, rares sont ceux qui réussissent à en exposer brillamment la philosophie tout en faisant preuve d’une approche personnelle qui apporte un réel souffle à des propos qui pourraient rester trop théoriques. Lama Anagarika Govinda (de son vrai nom Ernst Lothar Hoffman, 1898-1985) développe dans ce livre une grande liberté de ton. Il rapproche des concepts qui, en pure logique intellectuelle, devraient s’exclure, en montrant la force de leur complémentarité. Chaque être est un foyer vivant existant par la densité des rapports qu’il entretient avec l’univers entier. Nous ne pouvons cependant "mettre en doute la signification de notre individualisation", le "je" est ainsi défini comme "la capacité de se mouvoir autour d’un axe vertical stable et de se transformer sans perdre sa forme individuelle, ainsi qu’une pénétrabilité qui pourtant ne laisse pas en abattre les frontières." La réflexion de Govinda procède par rapprochement de paires opposées, considérant que "toute réalité est édifiée sur une polarité, celle de la partie et de l’ensemble, de l’individualité et de l’universalité, de la différenciation et de l’unité, etc." Ce qui – et cela nous semble important pour un Occidental – permet de restituer une juste place à la personne sans la réduire à une vision limitée de l’être clôturé sur lui-même.

Govinda donne une véritable chair à des concepts bouddhiques essentiels tels que le vide qui permet de penser l’unité du réel comme la "coopération de forces et qualités différentes et l’inséparabilité des pôles opposés". Le vide est infiniment créateur, il est le mouvement même de la vie qui est changement, croissance, transformation et finalement intégration en son être de "rapports toujours plus plein de sens". La vie est un processus constant de création et de dissolution. Pour celui qui s’engage dans le chemin de la transformation intérieure, l’impermanence n’est pas synonyme de décrépitude ni de disparition dans un flux inconsistant, au contraire une unité s’y manifeste, une stabilité dans le changement qui révèle "l’éternel dans les choses qui passent » et « l’atemporel dans les phénomènes momentanés". L’immortalité réside dans l’impermanence, car la vie est échange, transformation, inspiration et expiration. Il s’agit de prendre part à tout mais non de posséder ou de s’accrocher. Nous sommes alors "transformés par ce que nous acceptons". "Celui qui s’oppose à ce processus de transformation mourra de la mort lente de la rigidité ; il sera expulsé rejeté par tout ce qui vit, comme de la matière morte rejetée par un organisme vivant. La mort est une déficience de la faculté de transformation." La transformation n’est pas décrépitude, car elle est changement "régi par la loi selon la nature inhérente de l’objet dont il s’agit". "Pour vivre, notre moi doit en effet se soumettre à une croissance et un changement continuel de sa forme, une mort continuelle et une vie continuelle qui se poursuivent parallèlement." Ainsi, "la transformation embrasse à la fois changement et stabilité, pluralité et unité, mouvement et constance. Comme la vie, elle relie les pôles opposés."

La logique occidentale, héritée d’Aristote, procède de prémisses qui, par un cheminement linéaire, court vers sa conclusion, alors que l’approche orientale cerne son objet de manière plus indirecte, en s’y rapprochant par cercles concentriques et en intégrant une multiplicité de perspectives, d’aspects qui culminent dans l’expérience de la fusion sujet-objet. La logique occidentale procède du tiers-exclus, l’orientale utilise une approche qui trouverait son pendant dans la physique d’Heisenberg. L’espace, quant à lui, n’est pas une pure étendue au sens de Descartes, une res, c’est-à-dire une chose extérieure à soi, mais au contraire, pleinement interdépendant avec les qualités de l’esprit qui s’y projette. L’infinité de l’espace et celle de la conscience se répondent mutuellement dans l’expérience de shûnyatâ. Shûnyatâ, le vide de toute position conceptuelle, permet de s’ouvrir à l’émerveillement et en particulier de "découvrir les formes d’immortalité qui se trouvent dans le processus même du devenir".

Govinda aborde les principes de la méditation tantrique. Le corps n’est pas simple matière organique mais le foyer qui permet, notamment par la respiration, de prendre conscience des "forces qui constituent notre être le plus intime". La respiration est un mouvement qui permet de prendre conscience de notre échange continuel avec le monde et de l’impossibilité de nous fixer sous une forme définitive. L’expérience tantrique, qui fait notamment appel au support des mandala (les figures symboliques) et des mantra (les formules sacrées), est tout le contraire d’une ascèse austère. Elle sollicite pleinement le corps et les sens utilisés comme des moyens d’accès à la pleine expérience de soi. La posture physique est essentielle car elle est le reflet de la réalité intérieure. Les mudrâ, les positions des mains sont des centres importants de l’énergie psychique et les marques de notre disponibilité et de notre ouverture. Le son et la vision participent dans la récitation du mantra. Un mantra s’analyse sur quatre plans : sa valeur sonore pure, sa signification verbale, sa valeur créatrice ou évocatrice, sa valeur spirituelle de croissance et d’expansion dans l’expérience de la sâdhanâ (l’exercice méditatif).

L’ouvrage d’Anagarika Govinda est original. Il parvient à intégrer le meilleur de la pensée bouddhique en ne retenant de l’enseignement du Bouddha, non l’étroite lettre mais l’esprit le plus audacieux.

Recension : Bernard Grozelier (février 2007)


Autres livres recensés de Lama Anagarika Govinda : n/a.


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