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Vous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme

de Zhongfeng Mingben (1263-1323)


Zhongfeng Mingben (jap. Chûhô Myôhon, 1263-1323) est un maître zen chinois qui revitalisa l’école Linji (jap. Rinzai) à la fin du XIIIe siècle. Il aimait la vie solitaire et la pratique rigoureuse. Ses comportements excentriques sont restés célèbres. Il eut de nombreux disciples issus toutes les classes sociales. Il attira également de nombreux moines japonais (dont le célèbre Jakushitsu Genkô, 1290-1367).

Ce sermon est extrait du Zhongfeng heshang quanglu, jap. Chuhô oshô kôroku, "Le recueil complet du maître Zhongfeng".


Portrait de Vous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme de Zhongfeng Mingben

Zhongfeng Mingben (jap. Chûhô Myôhon, 1263-1323) est un maître zen chinois qui revitalisa l’école linji (jap. Rinzai) à la fin du 13e siècle. Il aimait la vie solitaire et la pratique rigoureuse. Ses comportements excentriques sont restés célèbres. Il eut de nombreux disciples issus toutes les classes sociales. Il attira également de nombreux moines japonais (dont le célèbre Jakushitsu Genkô, 1290-1367). Ce sermon est extrait du Chuhô oshô kôroku, "Le recueil complet du maître Zhongfeng".



Vous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme ! Vous ne pourrez jamais vous échapper de la vie et de la mort ! Nos corps ressemblent à la flamme d’une bougie vacillante dans le vent, à des étincelles jaillissant de la pierre. Même si vous pratiquiez à chaque instant comme si votre tête était en feu, vous ne serez toujours pas capable de résoudre totalement cette affaire. Vous n’avez aucune raison d’agir dans l’impatience et à l’aveuglette. Insouciant et confus, en moins d’un instant, vous aurez déjà atteint l’âge de quarante ou de cinquante ans...

Pour vous, qu’est-ce que le bouddhisme ? Même si le plus intelligent des hommes écrivait d’impeccables et d’irréfutables commentaires sur l’ensemble des sûtras, des kôan ou des classiques, il s’affairerait toujours à l'extérieur de la porte. Lorsque ces brillantes personnes parlent du dharma, elles paraissent souvent éveillées. Et pourtant, confrontées aux évènements de la vie réelle, elles sont perdues.

Il a toujours été dit que vous ne pourrez jamais comprendre cette affaire ! Plus vous voulez la comprendre et plus vous allez à son encontre. En entendant cela, ne donnez pas une réponse conceptuelle, en pensant que vous pourriez entrer dans une dimension où les autres n’accèdent pas et que vous y trouveriez quelque chose de vivant. Hélas ! Tout ce qui surgit en vous n’est rien d’autre que l’illusion de vouloir comprendre cela.

Seuls ceux qui ont cultivé des racines profondes de foi, qui veulent sincèrement chercher en eux-mêmes jusqu'au véritable éveil peuvent s’occuper de cette affaire. Mais s’ils s’agrippent à l'idée de s’en occuper, ils ne l’obtiendront toujours pas. C'est pourquoi un ancien enseignement dit : "Même si un monde rempli de personnes aussi avisées que Shâripûtra se rassemblaient et tenaient un débat, il leur serait toujours impossible de pénétrer la sagesse du Bouddha."

De nos jours, il existe des gens qui vont de-ci de-là proclamant qu’ils connaissent et prône une méthode particulière de s’exercer. Ces personnes sont comme ceux qui prennent une peau d'orange pour du feu. Ils affirment qu'ils savent ce qu’est le bouddhisme et demandent qu’on les respecte. Quel bien pourront-ils vraiment obtenir ? J'ai pratiqué pendant plus de trente ans et je n’ai toujours pas intégré le bouddhisme. Voilà pourquoi je reste toujours modeste et rempli de honte. Je n'ose accepter la position d'un maître si cela se présente. Lorsqu’on dit de bonnes choses à mon propos et que des offrandes généreuses me sont faites, je les vois comme des flèches empoisonnées frappant mon esprit. Je les ai fui sans succès. Il ne fait aucun doute que tout cela provient de mes conditions karmiques accumulées tout au long de mes vies antérieures. Il s’agit de la source même de l'illusion, non la conséquence de ma vertu sur la voie.

Tant de gens prétendent être sur la voie, et pourtant, quand ils sont confrontés à un presque rien qui va à l'encontre d’eux, l'ignorance les saisit, et leur manières d’être habituelles se perpétuent. Ils laissent leur esprit se déchaîner et manifestent des actes malveillants. Ils utilisent ce qu'ils appellent la justice pour blesser autrui, bousculant tout un chacun. Ils ne savent pas que, depuis toujours, leur soi-disant justice est enchaînée à l'ignorance. Pas une seule fois, cette justice ne leur a permis de laisser émerger un véritable esprit sur la voie. Ils n’ont même pas fait attention que leur justice est si nauséabonde que tous se bouchent immédiatement le nez.

Vous ne pourrez jamais vous échapper de la vie et de la mort ! Cette grande affaire de la vie et de la mort est en vous. Elle colle à votre peau et à vos os, instant après instant, sans jamais céder. Pendant d'innombrables kalpas, vous avez épuisé tous les stratagèmes, mais votre esprit ne s'arrête ni ne se repose jamais ! Vous avez fait de grands vœux, encore et encore, prenant à témoin des milliers de bouddhas et d’innombrables maîtres et patriarches. Poursuivant dans cette voie, vous avez une nouvelle fois, en cette vie, quitté votre maison pour devenir un moine avec les trois robes, vous appelant un homme de la voie. La vérité, c'est que vous n’êtes toujours pas capables de transpercer tout ce qui apparaît devant vos yeux. Chaque événement fait bouger votre esprit. Tout ce que vous faites ne fait qu'ajouter au nœud de la vie et de la mort qui vous en enserre et vous conduit à trahir votre aspiration fondamentale à devenir moine.

Si vous vous comportez de cette manière confuse et désespérée, et même si vous consacriez des milliers de vie à l’exercice, vous ne ferez que renforcer la roue du karma sans le moindre possibilité de profit. Vous devez savoir que tous les êtres sont liés et fortement ligotés et que vous ne pouvez rien faire. Si vous n'avez pas la capacité de vivre en communauté, vous pouvez aussi laisser tout de côté pour aller vivre dans un ermitage au toit de chaume. De cette façon, vous pourrez passer votre existence dans la solitude totale, vivant d’aumône avec une robe de pièces cousues, occupé exclusivement à votre propre libération. Au moins de cette façon, vous n’endommagerez pas le territoire d’autrui, à la manière d’un impudent qui n’a aucune humilité.

C'est pourquoi je dis que vous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme et que vous ne pourrez jamais échapper à la vie et la mort ! Si vous ne pouvez pas comprendre ou fuir cela, pourquoi ne pas tout simplement vous établir au lieu de l’insuccès ? Ne vous inquiétez pas si cela doit prendre vingt ou trente ans. Lorsque d’un coup, vous pénétrerez dans ce lieu de l’insuccès, vous verrez que je ne vous aurais pas trompé.
Portrait de Shongfeng MingbenVous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme ! Vous ne pourrez jamais vous échapper de la vie et de la mort ! Nos corps ressemblent à la flamme d’une bougie vacillante dans le vent, à des étincelles jaillissant de la pierre. Même si vous pratiquiez à chaque instant comme si votre tête était en feu, vous ne serez toujours pas capable de résoudre totalement cette affaire. Vous n’avez aucune raison d’agir dans l’impatience et à l’aveuglette. Insouciant et confus, en moins d’un instant, vous aurez déjà atteint l’âge de quarante ou de cinquante ans...

Pour vous, qu’est-ce que le bouddhisme ? Même si le plus intelligent des hommes écrivait d’impeccables et d’irréfutables commentaires sur l’ensemble des sûtras, des kôans ou des classiques, il s’affairerait toujours à l'extérieur de la porte. Lorsque ces brillantes personnes parlent du dharma, elles paraissent souvent éveillées. Et pourtant, confrontées aux évènements de la vie réelle, elles sont perdues.

Il a toujours été dit que vous ne pourrez jamais comprendre cette affaire ! Plus vous voulez la comprendre et plus vous allez à son encontre. En entendant cela, ne donnez pas une réponse conceptuelle, en pensant que vous pourriez entrer dans une dimension où les autres n’accèdent pas et que vous y trouveriez quelque chose de vivant. Hélas ! Tout ce qui surgit en vous n’est rien d’autre que l’illusion de vouloir comprendre cela.

Seuls ceux qui ont cultivé des racines profondes de foi, qui veulent sincèrement chercher en eux-mêmes jusqu'au véritable éveil peuvent s’occuper de cette affaire. Mais s’ils s’agrippent à l'idée de s’en occuper, ils ne l’obtiendront toujours pas. C'est pourquoi un ancien enseignement dit : "Même si un monde rempli de personnes aussi avisées que Shâripûtra se rassemblaient et tenaient un débat, il leur serait toujours impossible de pénétrer la sagesse du Bouddha."

De nos jours, il existe des gens qui vont de-ci de-là proclamant qu’ils connaissent et prône une méthode particulière de s’exercer. Ces personnes sont comme ceux qui prennent une peau d'orange pour du feu. Ils affirment qu'ils savent ce qu’est le bouddhisme et demandent qu’on les respecte. Quel bien pourront-ils vraiment obtenir ? J'ai pratiqué pendant plus de trente ans et je n’ai toujours pas intégré le bouddhisme. Voilà pourquoi je reste toujours modeste et rempli de honte. Je n'ose accepter la position d'un maître si cela se présente. Lorsqu’on dit de bonnes choses à mon propos et que des offrandes généreuses me sont faites, je les vois comme des flèches empoisonnées frappant mon esprit. Je les ai fui sans succès. Il ne fait aucun doute que tout cela provient de mes conditions karmiques accumulées tout au long de mes vies antérieures. Il s’agit de la source même de l'illusion, non la conséquence de ma vertu sur la voie.

Tant de gens prétendent être sur la voie, et pourtant, quand ils sont confrontés à un presque rien qui va à l'encontre d’eux, l'ignorance les saisit, et leurs manières d’être habituelles se perpétuent. Ils laissent leur esprit se déchaîner et manifestent des actes malveillants. Ils utilisent ce qu'ils appellent la justice pour blesser autrui, bousculant tout un chacun. Ils ne savent pas que, depuis toujours, leur soi-disant justice est enchaînée à l'ignorance. Pas une seule fois, cette justice ne leur a permis de laisser émerger un véritable esprit sur la voie. Ils n’ont même pas fait attention que leur justice est si nauséabonde que tous se bouchent immédiatement le nez.

Vous ne pourrez jamais vous échapper de la vie et de la mort ! Cette grande affaire de la vie et de la mort est en vous. Elle colle à votre peau et à vos os, instant après instant, sans jamais céder. Pendant d'innombrables kalpas, vous avez épuisé tous les stratagèmes, mais votre esprit ne s'arrête ni ne se repose jamais ! Vous avez fait de grands vœux, encore et encore, prenant à témoin des milliers de bouddhas et d’innombrables maîtres et patriarches. Poursuivant dans cette voie, vous avez une nouvelle fois, en cette vie, quitté votre maison pour devenir un moine avec les trois robes, vous appelant un homme de la voie. La vérité, c'est que vous n’êtes toujours pas capables de transpercer tout ce qui apparaît devant vos yeux. Chaque événement fait bouger votre esprit. Tout ce que vous faites ne fait qu'ajouter au nœud de la vie et de la mort qui vous en enserre et vous conduit à trahir votre aspiration fondamentale à devenir moine.

Si vous vous comportez de cette manière confuse et désespérée, et même si vous consacriez des milliers de vie à l’exercice, vous ne ferez que renforcer la roue du karma sans la moindre possibilité de profit. Vous devez savoir que tous les êtres sont liés et fortement ligotés et que vous ne pouvez rien faire. Si vous n'avez pas la capacité de vivre en communauté, vous pouvez aussi laisser tout de côté pour aller vivre dans un ermitage au toit de chaume. De cette façon, vous pourrez passer votre existence dans la solitude totale, vivant d’aumônes avec une robe de pièces cousues, occupé exclusivement à votre propre libération. Au moins de cette façon, vous n’endommagerez pas le territoire d’autrui, à la manière d’un impudent qui n’a aucune humilité.

C'est pourquoi je dis que vous ne pourrez jamais comprendre le bouddhisme et que vous ne pourrez jamais échapper à la vie et la mort ! Si vous ne pouvez pas comprendre ou fuir cela, pourquoi ne pas tout simplement vous établir au lieu de l’insuccès ? Ne vous inquiétez pas si cela doit prendre vingt ou trente ans. Lorsque d’un coup, vous pénétrerez dans ce lieu de l’insuccès, vous verrez que je ne vous aurais pas trompé.