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Muchû Mondô

Questions et Réponses dans un rêve (extraits)


MusoMusô Soseki (1275-1351, portrait ci-contre) est un célèbre maître zen de l'école rinzai qui reçut de son vivant le titre de Maître National (kokushi) de l'empereur Go-Daigo. En 1325, après avoir passé une grande partie de sa vie dans la solitude, il est contraint de prendre la direction du Nanzenji, l'un des plus importants monastères de Kyôto, débutant une carrière complexe dans les vicissitudes politiques et monastiques du temps. Il dirigea de nombreux temples mais demeure à la postérité comme l'abbé-fondateur du Tenryûji, l'un des grands monastères de Kyôto. On lui doit quelques jardins zen restés célèbres comme le jardin de mousses du Saihôji.

Musô est l'auteur du Muchû Mondô, "Questions et réponses dans un rêve", l'un des grands textes de la tradition zen japonaise. Répondant aux interrogations successives d'Ashikaga Tadayoshi, le frère du shôgun de l'époque, Musô explore les différentes questions de l'éveil et des kôan... entre autres.

Henrich Dumoulin a donné une biographie complète de Musô dans son Zen Buddhism : A History, volume 2, 1990, Mac Millan, pp. 153-169. Masumi et Maryse Shibata ont traduit en français le Muchû Mondô sous le titre "Dialogues dans le rêve" qui fut publié en 1974 chez Maisonneuve et Larose. L'édition est malheureusement épuisée.

En cliquant ici, vous verrez apparaître dans une fenêtre un autre portrait de Musô qui est conservé au Tenryûji. Dumoulin en fait le commentaire suivant : "Le portrait de Musô Kokushi est particulièrement différent d'autres portraits, laissant au spectateur une impression inoubliable. Son visage allongé avec ses traits fins, presque féminins, ce duvet naissant sur les joues, la tête petite mais vigoureuse, certainement la partie la plus impressionnante, et au total la taille élancée et droite qui donne l'idée de la présence d'un maître. Son air sérieux montre qu'il sait ce qu'est la souffrance tandis que ses yeux ouverts et doux expriment le vrai."



[Douzième question] L’esprit qui pratique le bien pour autrui

Question : Sans se libérer soi-même, il est impossible de sauver les autres, mais pratiquer en premier les racines de bien pour les êtres sans se soucier de soi, n’est-ce pas là mettre en défaut ce principe ?

Réponse : Les êtres sombrent dans le cycle des naissances et des morts pour avoir commis toutes sortes de fautes, attachés qu'ils sont à leur propre personne, recherchant la renommée et le profit pour eux-mêmes. Pourvu qu’on s’oublie soi-même et qu’on élève l’esprit qui profite aux êtres, même sans pratiquer pour soi les racines de bien, on est naturellement et pleinement pourvu d’infinies racines de bien. Même sans rechercher la voie du bouddha pour soi-même, celle-ci mûrit rapidement, car la grande compassion embaume l’intérieur et fusionne avec l’esprit de bouddha. Celui qui recherche le détachement seulement pour lui-même est redevable de l’esprit du Petit Véhicule, il aura beau pratiquer d’innombrables racines de bien, il ne pourra lui-même devenir bouddha. Comment pourrait-il alors sauver les autres ? Pour celui qui fait naître l’esprit du bodhisattva, demeure le distinguo entre accroissement de connaissance et accroissement de compassion. Si l’on fait le vœu de sauver en premier tous les êtres puis ensuite de réaliser la voie du bouddha, on est un bodhisattva de l’accroissement de compassion. Considérer qu’il faille en premier réaliser soi-même la voie du bouddha puis ensuite sauver les êtres, est l’accroissement de connaissance. Bien que l’homme de l’accroissement de connaissance paraisse redevable de l’esprit des deux véhicules, du fait qu’il cherche à devenir bouddha en premier afin de sauver tous les êtres, il accomplit l’esprit du bodhisattva. Bien qu’il y ait accroissement de connaissance d’un côté et accroissement de compassion de l’autre, ils ne diffèrent pas dans l’esprit de sauver les êtres. C’est pourquoi même dans la pratique d’un seul bien et dans l’accomplissement d’une seule action, ils les dédient à tous les êtres, ils ne sont donc pas différents.


[Treizième question, 1ere partie] La véritable compassion

Question : Si l’on regarde les paroles des maîtres de l’école du zen, ceux-ci conseillaient tout d’abord de s’éveiller puis d’épuiser enfin les actes du passé et les restants d’imprégnation, et s’il restait un tant soit peu de force de se dédier aux autres. Si c’est cela, n’est-ce pas contradictoire avec ce qu’il est dit dans la doctrine, que le vœu du bodhisattva consiste à ne pas se sauver soi-même tant qu’on n’a pas sauvé les autres ?

Réponse : Il y a trois sortes de compassions, premièrement, la compassion en fonction des êtres, deuxièmement, la compassion en fonction de la Loi, troisièmement, la compassion inconditionnée. La compassion conditionnée en fonction des êtres signifie considérer qu’il existe des êtres qui s’égarent réellement dans le cycle des naissances et des morts et faire en sorte qu’ils soient sauvés et qu’ils s’en échappent. Il s’agit de la compassion du bodhisattva du Petit Véhicule. Bien qu’elle soit supérieure à l’esprit des deux Véhicules qui ne cherche qu’à s’en échapper, ce n’est pas la véritable compassion, car elle se fourvoie dans la conception mondaine d’une existence réelle et qu’elle conserve la marque du profit. Dans le Sûtra de Vimalakîrti, on la taxe de grande compassion d’attachement. La compassion en fonction de la Loi signifie se pénétrer que tous les phénomènes produits par des conditions causales, qu’ils soient animés ou inanimés, sont tous comme des apparitions illusoires puis développer une grande compassion d’illusion, prêcher des enseignements d’illusion et aider des êtres d’illusion. Il s’agit là de la compassion du bodhisattva du Grand Véhicule. Cette compassion, bien qu’elle soit détachée d’une existence réelle dans un être et qu’elle ne se confonde pas avec la grande compassion d’attachement, n’est pas non plus la véritable compassion car elle conserve encore la marque de l’illusion. La compassion inconditionnée signifie qu’une fois atteint le fruit de la bouddhéité, la compassion de l’être originel et de la vertu naturelle se manifeste. Même sans développer un esprit de salvation, on sauve naturellement les êtres, semblable à la lune qui reflète son image dans toutes les eaux. Ainsi, il n’y a plus de différence entre prêcher et ne pas prêcher dans la propagation de la loi, ni marque de bénéfice ou d’absence de bénéfice dans la salvation. C’est ce qu’on appelle la véritable compassion. Ceux qui sont pris par la compassion en fonction des êtres ou celle de la Loi sont entravés par elles et ne peuvent faire naître la compassion inconditionnée. C’est dans ce sens qu’il est dit qu’une petite compassion est un obstacle à la grande compassion. C’est dans ce sens également que le maître de dhyâna Daichi de Hyakujô conseillait de ne pas convoiter de petits mérites et de petits profits. Tel est le sens de ce qu’enseignent les maîtres de l’école du zen.


[Treizième question, 2e partie] La véritable compassion

Question : Lorsqu’on comprend que des êtres endurent réellement les souffrances dans le cycle des vies et des morts, naît une compassion qui a pitié d’eux, pourquoi dédaigner la compassion d’attachement ? Si l’on voit tous les êtres comme simplement illusoires, comment la compassion pourrait-elle naître ?

Réponse : Il y a deux sortes de mendiants dans le monde. Ceux qui sont nés dans une famille d’hors-castes et sont de basse condition depuis l'enfance et ceux qui sont nés dans une famille de gentilshommes et qui sont déchus au-delà de l’entendement. Lorsqu’on voit qu’il y a des gentilshommes parmi les mendiants, naît un sentiment de compassion plus profond encore que pour des hors-castes. Il en va de même de la compassion du bodhisattva ; originellement, tous les êtres sont dénués des marques des naissances et des morts et ne forment qu’un seul corps avec les bouddhas, mais soudain une seule pensée d’ignorance s’élève et les marques du cycle des naissances et des morts apparaissent là où elles n’existent pas, comme dans un rêve ou dans une fantasmagorie. Ainsi le bodhisattva du Grand Véhicule considère les êtres comme ceux qui sont nés dans une famille de gentilshommes et qui sont déchus au-delà de l’entendement. Il n’est pas comparable au bodhisattva du Petit Véhicule qui considère que les êtres sombrent réellement dans le cycle des naissances et des morts et qui fait naître une grande compassion d’attachement.

Traduction Éric Rommeluère. Reproduction interdite.


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