"Le Sûtra du Lotus" ou plus complètement "le Sûtra du Lotus de la merveilleuse loi", en japonais Myôhôrengekyô, est, par excellence, le grand texte bouddhiste de l'Extrême-Orient. Il doit sa fortune à la superbe traduction en chinois de Kumârajîva composée en l'an 406 de notre ère ainsi qu'à son style particulier où abondent paraboles et histoires merveilleuses. L'ouvrage – qui relève de la littérature du Grand Véhicule – expose, entre autres, la doctrine du "Véhicule unique". En Chine, l'école tientai, encore dénommée École du Lotus, fondée par Zhiyi (538-597) en fit son texte fondateur le considérant comme l'enseignement ultime du Bouddha.
Dôgen (1200-1253), fondateur de l'école zen sôtô au Japon mais ancien moine de l'école tendai, le versant japonais de l'école tientai, avait une dévotion infinie pour ce texte. Il écrivait :
On ne peut être plus clair. Dans l'école zen japonaise, on privilégie plus particulièrement deux chapitres, le seizième, "La longévité de l'Ainsi-Venu" et le vingt-cinquième, "La porte universelle du bodhisattva Qui Considère les voix du Monde", en japonais Nyorai juryôhon et Kanzeon bosatsu fumonhon.
Le vingt-cinquième chapitre consacré à Avalokiteshvara est le plus célèbre des chapitres bien qu'il soit à l'évidence un ajout ultérieur qui ne fait pas directement suite au corps du texte. Il circule parfois sous une forme indépendante et prend alors le titre de "Sûtra de Celui qui considère les appels" (jap. Kannongyô). Il s'agit d'un hymne au bodhisattva Avalokiteshvara, Kannon, "Qui Considère les voix", ou Kanzeon, "Qui Considère les voix du Monde", ou encore Kanjizai, "Maître en contemplation", en japonais. Il suffit de l'invoquer dans les plus grands périls et souffrances pour en être délivré.
Tous les moines connaissent par cœur les stances de ces deux chapitres qui sont utilisés lors des cérémonials. Celle de "La porte universelle du bodhisattva Qui Considère les voix du Monde" est même récitée quotidiennement avec le passage final du chapitre.
Eugène Burnouf a donné une traduction française publiée en 1852 du sûtra à partir de son original sanskrit, traduction réimprimée par Adrien Maisonneuve en 1989 : Eugène Burnouf, Le Lotus de la Bonne Loi, traduit du sanscrit, accompagné d'un commentaire et de vingt et un mémoires relatifs au buddhisme, Paris, Imprimerie Nationale, 1852.
Jean-Noël Robert, spécialiste de l'école tendai japonaise, a, quant à lui, publié une traduction à partir de la propre traduction de Kumârajîva : Jean-Noël Robert, Le Sûtra du Lotus suivi du Livre des sens innombrables et du Livre de la contemplation de Sage-Universel, Paris, Fayard, 1997. La traduction est magnifique (le mot n'est pas trop fort!).
On trouvera également un bon exposé et un résumé, chapitre par chapitre, du Sûtra du Lotus par Bernard Frank dans son ouvrage posthume, Dieux et Bouddhas au Japon, Paris, Odile Jacob, 2000, pp. 355-393.
Reproduction interdite.
Sur le Net :
Verse of the "Life Span" Chapter (Juryôhonge), une traduction proposée par le Sôtô Zen Text Project
Verse of the "Universal Gateway" Chapter (Fumonbonge), une traduction proposée par le Sôtô Zen Text Project
The Lotus Sutra and Dogens Zen Hermeneutics par Michiko Yusa
The Lotus Sutra as a Source for Dogen's Discourse Style par Taigen Dan Leighton
Sur le site :
La stance de la Porte universelle de l'être d'Eveil Considérant les Voix du Monde, traduction de Jean-Noël Robert
La dédicace, une causerie sur la "dédicace universelle" (fuekô), chantée dans les temples zen et extraite du septième chapitre du Sûtra du Lotus
Vous êtes ici : Sommaire général >>> Textes classiques >>> Le Sûtra du Lotus (Présentation générale)