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Shinji Shôbôgenzô

Le Trésor de l'œil de la vraie loi en chinois (extraits)


Le Shinji shôbôgenzô est une compilation de trois cents histoires zen ou kôan rassemblée par le maître zen Dôgen (1200-1253). Divisé en trois parties égales de cent cas chacune, l'ouvrage est généralement connu sous le titre de Shinji shôbôgenzô, "le Shôbôgenzô en chinois (lit. en vrais caractères)" pour le différencier de la grande œuvre de Dôgen, son Shôbôgenzô rédigé en japonais. Les kôan, repris tels quels des grands ouvrages classiques du zen, y sont en effet écrits en chinois. L'ouvrage est également connu sous le titre de Mana shôbôgenzô (qui a le même sens de "Shôbôgenzô en chinois") ou encore de Shôbôgenzô sambyakusoku, "les trois cents cas du Shôbôgenzô". L'exégèse moderne ne remet plus en question aujourd'hui l'attribution longtemps discutée de ce texte bien que de nombreuses interrogations persistent encore sur sa rédaction.

Le Shinji shôbôgenzô semble n'avoir eu qu'une diffusion restreinte jusqu'à l'époque Tokugawa. Au milieu du XVIIIe siècle, un maître sôtô du nom de Shigetsu Ein découvrit un manuscrit du texte et rédigea des commentaires. Après sa mort, l'un de ses disciples les publia sous le titre de Nempyô sambyakusoku funogo ("L'indicible des trois cents cas"). Un nouveau commentaire en vers paru en 1787 sous le titre Sambyakusoku juko ("Commentaires versifiés des trois cents cas"). À l'époque moderne, l'ouvrage devint vite populaire dans l'école sôtô, bien que son authenticité restât longtemps discutée. En 1934, on découvrit dans une bibliothèque de textes médiévaux un ancien manuscrit contenant la seconde section du texte (des cas 101 à 200). Le manuscrit était daté de l'année 1288 et, malgré quelques différences avec le texte moderne, confirmait sa diffusion à l'époque Kamakura. Dans les années 80, de nouveaux textes imprimés et complets du Shinji shôbôgenzô datant de l'époque Muromachi (XIVe-XVIe siècle) étaient encore découverts. Les travaux modernes tendent à penser qu'il fut compilé par Dôgen aux alentours des années 1235 alors qu'il dirigeait le monastère de Kôshôji à Kyôto.

À lire :

Steven Heine, Dôgen and the kôan tradition - A Tale of two Shôbôgenzô Texts, State University of New York Press, 1994
Gudô Nishijima, Master Dôgen's Shinji Shôbôgenzô, Windbell Publications, 2003
John Daido Loori, Kazuaki Tanahashi, The True Dharma Eye: Zen Master Dogen's Three Hundred Koans, Shambala Publications, 2006


Sur le site :

Dôgen, en savoir plus sur l'homme et ses œuvres
Le Shôbôgenzô, une introduction
"Le voleur est dans la famille", un commentaire du 189e cas du Shinji Shôbôgenzô



Treizième cas :

Une fois, un moine demanda au grand maître Jisai du mont Tôsu dans la préfecture de Shû : "Qu’en est-il lorsque la lune n’est pas encore pleine ?"
Le maître répondit : "Elle avale deux ou trois choses."
Le moine demanda : "Qu’en est-il après qu’elle soit pleine."
Le maître répondit : "Elle vomit sept ou huit choses."


Seizième cas :

Une fois, un moine demanda au grand maître Chôsa Shôken de Konan : "Comment peut-on transformer les montagnes, les rivières et la grande terre et les faire revenir à soi ?"
Le maître répondit : "Comment peut-on transformer le soi et le faire revenir aux montagnes, aux rivières et à la grande terre ?"


Dix-neuvième cas :

Maître Jôshu demanda à Nansen : "Qu’est-ce que la voie ?"
[Nan]sen répondit : "L’esprit ordinaire est la voie."
Le maître dit : "Faut-il alors la poursuivre ?"
[Nan]sen dit : "Décider de s’y diriger va à son encontre."
Le maître dit : "Sans décision, comment sait-on encore qu’il s’agit de la voie."
[Nan]sen dit : "La voie ne relève pas d’un savoir ou d’un non-savoir. Le savoir n’est que mécompréhension ; le non-savoir, indéfinition. Lorsqu’on pénètre parfaitement la voie de l’indécision, elle ressemble à l’espace, vide et ouvert. Comment pourrait-on la réduire à un ‘c’est’ ou un ‘ce n’est pas’ ?"
À ces mots, le maître s’éveilla soudainement au principe profond.


Vingt-deuxième cas :

Maître Fuke de la préfecture de Chin avait l’habitude en entrant dans un marché d’agiter une clochette à battant en disant : "Vient-on dans la lumière que je la bats dans la lumière, vient-on dans l’obscurité que je la bats dans l’obscurité, vient-on des quatre directions et des huit côtés que je la bats en rafale, vient-on de l’espace que je la bats à la volée."
Un jour Rinzai demanda à un moine de l’arrêter et de lui dire : "Et qu’en est-il lorsque tu croises [quelqu’un] qui vient ni dans la lumière ni dans l’obscurité ?"
Le maître se dégagea et dit : "Le jour qui vient, il y a un repas maigre au monastère de Daihiin."
Le moine revint et le rapporta à [Rin]zai.
[Rin]zai dit : "J’ai toujours eu des soupçons sur ce gars."


Trente-huitième cas :

Le Grand Maître Shinkaku du Mont Seppô dans la préfecture de Fuku désigna le foyer à Gensha et lui dit : "Les bouddhas des trois mondes sont tous là réunis et ils tournent la roue de la loi."
[Gen]sha dit : "Ces derniers temps, les ordres de l’empereur sont un peu sévères."
Le maître dit : "Comment ?"
[Gen]sha répondit : "Il n’est plus permis de forcer la main au marché."


Cinquante-quatrième cas :

Le maître de dhyâna Daichi de Hyakujô dans la préfecture de Kô se rendit une nouvelle fois auprès de Baso. [Ba]so leva son chasse-mouches. Le maître lui demanda : "Etes-vous ou non avec cette fonction ?"
[Ba]so remit son chasse-mouches dans sa position initiale. Le maître resta debout un moment.
[Ba]so lui dit : "Et alors ? À quoi sert que tu remues les lèvres ?" Le maître prit le chasse-mouches et le releva.
[Ba]so dit : "Es-tu ou non avec cette fonction ?"
Le maître remit son chasse-mouches dans sa position initiale. Alors, [Ba]so poussa un cri. Plus tard, le maître raconta à Obaku qu’à ce moment-là, de s’être fait ainsi crier dans les oreilles par Baso, il en resta sourd trois jours.


Quatre-vingt-douzième cas :

Le maître de dhyâna E’nen du temple de Sanshô dans la préfecture de Chin dit : "Lorsque je rencontre quelqu’un, je pars. Partir n’est pas pour lui."
Kôke dit : "Lorsque je rencontre quelqu’un, je ne pars pas. Si je partais, ce serait pour lui."


Cent cinquième cas :

Ungan demanda à Dôgo : "Que fait le bodhisattva de la Grande Compassion avec tant de mains et d'yeux ?"
[Dô]go répondit : "Il est comme quelqu’un qui la nuit prend à tâtons l’oreiller dans son dos."
[Un]gan dit : "J’ai compris, j’ai compris."
[Dô]go demanda : "Comment le comprends-tu ?"
[Un]gan répondit : "Sur tout son corps, il n’est que mains et yeux."
[Dô]go dit : "Ce que tu dis là est fort bien dit, mais tu ne dis que quatre-vingts ou quatre-vingt-dix pour cent."
[Un]gan demanda : "Et pour toi, comment est-ce ?"
[Dô]go répondit : "Tout son corps n’est que mains et yeux."


Cent onzième cas :

Une fois que le maître de dhyâna Hôgen nettoyait un puits dont l’ouverture était bouchée par du sable, il demanda à un moine : "L’ouverture ne coule plus car elle est bouchée par du sable, qu’est-ce qui empêche l’œil de la voie de comprendre ?"
Le moine resta coi. Le maître répondit alors à sa place : "Il est empêché par l’œil."


Cent vingt neuvième cas :

Une fois que le maître Yakusan, était assis, un moine lui demanda : "À quoi pensez-vous ainsi immobile ?"
Le maître dit : "Je pense l'impensé."
Le moine demanda : "Comment pense-t-on l'impensé ?"
Le maître répondit : "Ce n’est pas penser."


Cent quarante septième cas :

Dans une instruction collective, le grand maître Eshô de Rinzai dit : "Il y a un homme vrai sans position, sans cesse il va et vient par les portes de votre visage. Les débutants qui n’en sont pas encore assurés, regardez, regardez!"


Cent quatre-vingt-neuvième cas :

Une fois, un moine demanda au maître zen Seikatsu de la préfecture de Shô : "Que peut-on faire lorsque sa famille souffre continuellement de pauvreté ?"
Le maître dit : "Il est impossible d’y mettre fin."
Le moine : "Pourquoi donc ?"
Le maître : "Le voleur est dans la famille."
Le moine : "Pourquoi est-il devenu voleur s’il est de la famille ?"
Le maître : "Tant qu’on n’a pas accordé l’intérieur, on ne peut agir à l’extérieur."
Le moine : "Mais si d’un coup on attrape le voleur, que devient ce mérite ?"
Le maître: "Je n’ai jamais entendu dire qu’on en soit récompensé."
Le moine : "Tout effort est donc inutile ?"
Le maître : "Il y a bien un mérite qui s’accomplit, mais il ne peut se fixer."
Le moine : "Et pourquoi ?"
Le maître : "Ne connais-tu pas cette maxime : 'La pacification est foncièrement l’œuvre du général, mais elle ne lui permet pas de savourer le règne de la paix.'"


Deux cent vingt-deuxième cas :

Maître Tanshû Ryûzan. Tôzan pérégrinait en compagnie de Shinzan lorsqu’ils virent des fanes de légumes dans un torrent de montagne. [Tô]zan dit : "Il y a sûrement un pratiquant par ici."
Ils se mirent alors à le chercher quand ils aperçurent un ermite. Le maître dit : "Il n’y a pas de chemin dans cette montagne, par où les deux visiteurs zen sont-ils venus ?"
[Tô]zan dit : "Disons qu’il n’y ait pas de chemin [mais] vous, par où êtes-vous entré ?"
Le maître dit : "Je ne suis pas venu avec les nuages ou par le courant."
[Tô]zan dit : "Depuis combien de temps vivez-vous sur cette montagne ?"
Le maître répondit : "Les années ne me préoccupent pas."
[Tô]zan dit : "Qui vivait là en premier, vous ou la montagne ?"
Le maître répondit : "Je l’ignore."
[Tô]zan dit : "Pourquoi ne le savez vous pas ?"
Le maître dit : "Je ne suis pas venu pour les hommes ou pour les dieux."
Il lui demanda encore : "Quelle raison vous a conduit à vivre dans cette montagne ?"
Le maître dit : "J’ai vu deux bœufs de glaise combattre et entrer dans la mer. Depuis, le bruit a disparu."


Traduction Éric Rommeluère. Reproduction interdite. [Télécharger et imprimer le texte au format pdf]


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