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Le charme qui anéantit les malheurs (shôsai shû)


Dans ses rituels, le zen japonais utilise des formules sacrées, les dhâranî, des formules incantatoires empruntées au fond tantrique chinois (on parle du Véhicule des Formules, en sanskrit mantrayâna, en japonais shingon). Les plus communes sont la dhâranî de la grande compassion (jap. daihishin darani) et "la merveilleuse et auspicieuse dhâranî qui anéantit les malheurs" (shôsai myô kichijô darani) ou plus simplement "le charme qui anéantit les malheurs" (shôsaishû).

Comme son nom l'indique, la récitation de cette dhâranî est destinée à écarter les calamités de toutes sortes. Dans les temples zen de l'école sôtô, elle est récitée lors de la cérémonie matinale dans la salle du Bouddha (jap. chôka butsuden fugin) mais également lors de la cérémonie quotidienne d'Idaten (jap. Idaten fugin) qui se déroule dans les cuisines.

idatenLe dieu Idaten ou plus complètement Gohô Ida Sonten, "le vénérable dieu Véda protecteur de la loi", est une divinité protectrice des temples zen. On l'invoque pour écarter les incendies et les voleurs. Le culte d'Idaten semble être né en Chine. Bien que Ida soit la prononciation japonaise de Véda, on l'identifie avec la divinité indienne Skanda, le fils et le général de l'armée de Shiva. On le représente sous les traits d'un général chinois en armure qui tient dans ses mains jointes un sabre ou un bâton.

La dhâranî est exposée dans un texte court dont la traduction chinoise est attribuée à Amoghavajra (en japonais Fukû Kongô, 705-774), l'un des patriarches du tantrisme chinois. Le titre complet du texte est "Le sûtra où le Bouddha enseigne l’auspicieuse dhâranî de la lumière étincelante et de la grande dignité qui anéantit les malheurs" (jap. Bussetsu shijôkô daiitoku shôsai kichijô darani kyô, Taishô, XIX, 963).


Les dhâranî écrites en sanskrit, la parole sacrée par excellence, ne sont pas traduites, mais simplement translittérées. On les récite selon les prononciations propres à chaque école. Par exemple dans chacune des trois écoles zen japonaises, le charme est prononcé de la manière suivante :

[École sôtô] Shôsai myô kichijô darani : No- mo- san man da- / Mo to nan / O ha ra- chii / Ko to sha- / So no nan / Tô ji- tô / En / Gya- gya- / Gya- ki- gya- ki- / Un nun / Shi fu ra- / Shi fu ra- / Ha ra shi fu ra- / Ha ra shi fu ra- / Chi shu sa- / Chi shu sa- / Chi shu ri- / Chi shu ri- / So wa ja- / So wa ja- / Sen chi- gya- / Shi ri ei / So- mo- ko-

[École rinzai] Shôsai shû : Na mu sa man da / Mo to nan / O ha ra chii / Ko to sha- / So no nan / To- ji to- / En / Gya- gya- / Gya- ki- gya- ki- / Un un / Shi fu ra- / Shi fu ra- / Ha ra shi fu ra- / Ha ra shi fu ra- / Chi shu sa- / Chi shu sa- / Shu shi ri- / Shu shi ri- / So ha ja- / So ha ja- / Se chi gya- / Shi ri ei / So mo ko-

[École ôbaku] Shôsai kichijô shinshû : Nan mo san man to / Mu to nan / O para ra chii / Ho to se / So nô nan / Ta chi to / An / Ke ke / Ke hii ke hii / Hon hon / Ji po ra / Ji po ra / Ho ra ji po ra / Ho ra ji po ra / Tei shie sa / Tei shie sa / Shie chi ri / Shie chi ri / So fuwa sa / So fuwa sa / Sen tei kya / Shi ri ei / So po ho

La prononciation de l'école ôbaku introduite par des moines chinois au XVIIe siècle au Japon reflète la prononciation de l'époque Ming. Référence : Zengaku daijiten ("Le grand dictionnaire des études zen"), Komazawa Daigakunai, Taishûkan shoten, Tôkyô, 1978, volume additionnel, p. 146. Les tirets indiquent un son long.

Le texte sanskrit reconstitué est : "Nama.h samantabuddhaanaa.m, apratihata"saasanaanaa.m, tadyathaa, o.m kha kha, khaahi khaahi, huu.m huu.m, jvala jvala, prajvala prajvala, ti.s.tha ti.s.tha, .s.tri .s.t.ri, sphu.t sphu.t, "saantika"sriye, svaaha." (translittération standard du sanskrit).

En français, cela donnerait quelque chose comme : "Hommage à tous les Bouddhas et aux enseignements suprêmes de libération. C’est : Om ! L’espace ! L’espace ! Anéantis ! Anéantis ! Hum ! Hum ! Brille ! Brille ! Brille largement ! Brille largement ! Demeure ! Demeure ! La constellation ! La constellation ! Apparais ! Apparais ! Pour la prospérité de la paix ! Amen !"

La constellation désigne les sept étoiles de la Grande Ourse (jap. hokuto shichisei) à laquelle est associé Mârîchî (jap. Marishiten), une divinité bouddhique.


À lire (en français) :

Michel Strickmann, Mantras et mandarins : Le bouddhisme tantrique en Chine, Paris, Gallimard, 1996. Une somme sur le tantrisme chinois agréable à lire.

"Le corpus le plus important de textes tantriques chinois datant du VIIIe siècle est attribué à Amoghavajra (705-774). Ce dernier est censé avoir traduit un nombre prodigieux de textes, et quelque cent soixante-quinze ouvrages du canon bouddhique Taishô portent son nom. Pour la plupart, il ne s'agit pas du tout de traductions directes, mais d'adaptations de textes existants ou de registres des pratiques et de la tradition orale. Amoghavajra semble avoir voulu marquer de son sceau l'ensemble de la littérature tantrique existante. Il bénéficia d'un large soutien officiel, et il ne fait aucun doute que des dizaines de textes portant la marque d'Amoghavajra proviennent de son atelier, qui employait de nombreuses personnes." (p. 259)

Reproduction interdite.


Sur le site :

Le sûtra de la grande compassion à mille mains et mille yeux
La dhâranî de la grande compassion, l'autre formule sacrée du bouddhisme zen
La porte de l'ambroisie, le rituel tantrique d'offrande aux êtres affamés.
Les formules sacrées du zen, une synthèse à télécharger au format pdf.
Du kôan au mantra : Les rapports du Zen et du bouddhisme tantrique, un article de Bernard Faure.


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