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Dôgen - Une biographie (sixième partie)


Se dépouiller du corps et de l'esprit

Alors qu'il participait à la retraite d'été de la première année de l'ère Baoqing (jap. Hôkyô, 1225), Rujing invectiva un moine, assis à côté de Dôgen, qui s'était assoupi lors d'une méditation nocturne.

Pour la méditation de la cinquième veille, Tiantong entra dans la salle et en fit le tour. Il fit des reproches à un moine qui dormait à sa place : "L’étude du zen consiste dans le dépouillement du corps et de l’esprit. Que fais-tu à seulement dormir ?"
En l’entendant, le maître réalisa soudainement le grand éveil.
Au petit matin, il monta dans les quartiers [de l’abbé], brûla de l’encens et se prosterna.
Tiantong lui demanda : "Pourquoi brûler de l'encens ?"
Le maître dit : "Le corps et l'esprit se sont dépouillés."
Tiantong dit : "Le corps et l'esprit dépouillés, tu t'es dépouillé du corps et de l'esprit."
Le maître dit : "C’était la maîtrise d’un instant. Ne me certifiez pas inconsidérément."
[Tian]tong dit : "Je ne te certifie pas inconsidérément."
Le maître dit : "Qu’est-ce qui ne certifie pas inconsidérément ?"
[Tian]tong dit : "Le corps et l'esprit dépouillés."
À ce moment-là, l'assistant Guangping, qui était originaire de la province de Fu, et qui se tenait là dit : "Voilà qui n’est pas commun. Un étranger a réalisé la grande affaire de l’ainséité!"
Le maître fit ses salutations et partit.
[Tian]tong dit : "Combien de fois ais-je ici tapé du poing ? Le dépouillement est un apaisement mais aussi un coup de tonnerre." (Sanso gyôgoki)

Ce fameux récit des circonstances de l'illumination de Dôgen n’apparaît pas dans ses propres écrits mais dans le Sanso gyôgoki. La première mention explicite de cet événement se retrouve dans "Les dernières recommandations du fondateur d'Eihei" (Eihei kaisan goyuigon kiroku ou simplement Goyuigon) rédigé par Gikai, disciple direct de Dôgen.

Le 18 du neuvième mois de la première année Baoqing (1225), Rujing lui aurait conféré les préceptes de bodhisattva. Le maître chinois veut en faire son secrétaire, mais Dôgen refuse pour ne pas faire honte à ses compagnons chinois.

Il enseigna : "S’il faut avoir honte devant quelqu’un, que ce soit devant quelqu’un qui ait une vision claire. Lorsque j’étais chez les Song, le maître Jing de Tiantong me demanda d’être son assistant en me disant : "Tu a beau être un étranger, tu es doué de talent." Je refusais fermement. La raison en était que, bien que cela aurait été important pour ma réputation au Japon ou pour ma pratique dans la voie, ils étaient quelques-uns pourvus de cette vision dans la communauté et, pour un étranger, être un assistant dans un grand monastère aurait pu être critiqué comme donnant l’impression qu’il n’y avait personne d’autre dans tout le pays ; je pensais que je devais ressentir la plus grande honte et je m’en expliquais par une lettre. Maître Jing l’ayant su, fut impressionné que j’estime ce pays et que j’ai honte devant eux, il y consentit et ne me le demanda plus." (Shôbôgenzô zuimonki)

Son talent littéraire est mis à contribution. On lui demande de composer des poèmes à l’attention des bienfaiteurs du monastère. Le troisième mois de la seconde année Baoqing (1226), il reçoit enfin le certificat de succession (shisho) de Rujing qui l’authentifie comme son disciple et héritier.

Au début de l'hiver 1227, Dôgen manifeste le désir de retourner dans son pays. Rujing lui remet la robe (kesa) du grand Fuyong Daokai (jap. Fuyô Dôkai, 1043-1118) dont il était l’héritier à la cinquième génération, deux ouvrages de Dongshan et un portrait de lui-même. Rujing l’aurait encouragé à porter cette robe décorée quoique lui-même n'en portait jamais de semblable pour ne pas se mêler à l'esprit corrompu des autres maîtres. Selon une ancienne tradition rapportée par le Kenzeiki, Dôgen aurait copié la veille de son départ "Le recueil de la falaise verte" (Biyanlu, jap. Hekiganroku), le grand ouvrage de Yuanwu Keqin (jap. Engo Kokugon). Dôgen débarque au Japon en septembre ou en octobre 1227.

Dôgen présentera toujours Rujing comme le seul véritable héritier du Bouddha dans la Chine des Song. Sous sa plume, le maître chinois apparaît sévère et sans compromis. Dôgen le dépeint, par exemple, maugréant contre les moines qui se laissaient pousser les cheveux et les ongles à la manière des confucianistes :

C'est par des reproches que mon défunt maître, le vieux bouddha, s'adressait aux moines de l'Empire qui laissaient pousser leurs cheveux et leurs ongles. Il leur disait : "Ceux qui ne connaissent pas la tonsure ne sont ni des laïcs ni des moines mais juste des bêtes. Quels sont, des anciens bouddhas et patriarches, ceux qui ne se sont pas rasés ? Aujourd'hui ceux qui ne la connaissent pas ne sont en vérité que des bêtes." (Shôbôgenzô senjô)

Quatre maîtres zen semblent avoir particulièrement influencé la pensée de Dôgen, Rujing, Hongzhi, Dahui et Yuanwu. Seuls les trois derniers sont des figures proéminentes de la Chine des Song. Malgré le discours élogieux de son disciple, Rujing ne semble pas avoir été un personnage si éminent. Sa nomination comme supérieur du Jingdesi laisse supposer des relations étroites avec l’école Yangqi qui dominait alors le système des Cinq Montagnes. Le recueil des entretiens de Rujing conserve d’ailleurs un sermon sur la nécessité de travailler sur le kôan Mu. Ce recueil est très court et il est difficile d’en déduire l’influence réelle de ses enseignements sur la pensée de Dôgen.

DôgenYuanwu (1063-1135) a laissé une œuvre importante sous la forme de recueil d’entretiens (goroku). L’empereur Huizong (1101-1125) lui décerna le titre impérial de "Maître de dhyâna du fruit du Bouddha". Après l’effondrement des Song du Nord, il s’enfuit dans le sud. Egalement estimé par l’empereur Gaozong de la cour des Song du sud, celui-ci lui conféra le titre impérial de "Maître de dhyâna de l’éveil complet (en chinois yuanwu)". Yuanwu compila le Biyanlu, une version élargie d’anciens commentaires du maître Xuedou (jap. Setchô, 980-1052) sur cent cas ou kôan traditionnels augmentés de ses propres notes et commentaires. Publié de son vivant (1128), ce livre connut un oubli de deux siècles après que Dahui Zonggao, son propre disciple qui donna ses lettres de noblesse à la méthode d’introspection par les kôan, ait fait systématiquement détruire (pour des raisons qui demeurent obscures) les copies et même les planches d’imprimerie de l’ouvrage. Il fut republié en 1300, avec quelques amputations, d’après des exemplaires qui avaient pu être préservés.

Hongzhi (jap. Wanshi, 1091-1157), un moine de l'école Caodong, fut le supérieur du Jingdesi pendant une trentaine d’années. Il compila lui-même deux recueils de cent kôan. Dans sa jeunesse, Hongzhi pratiqua notamment dans le temple de Yuanwu. Il qualifiait son approche de mozhaochan, en japonais mokushôzen, "la méditation de la clarté silencieuse". On lui doit un court poème intitulé "Inscription sur le silence et la clarté" (Mozhaoming, jap. Mokushômei) où il décrit cette méditation sans objet. Elle fut critiquée par Dahui qui préférait kanhuachan, en japonais kannazen, "la méditation qui contemple les mots", autrement dit la méditation qui porte son attention sur un kôan. (.../...)

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